L’art textile… Voici un terme que le plus grand nombre a du mal à distinguer de l’artisanat qui regroupe les différentes techniques de travail du textile telles que la broderie, le tricot et la dentelle par exemple. Ces techniques sont aussi utilisées dans l’art textile, mais dans le but cette fois-ci de créer des œuvres d’art : sculpture, peinture…
Si je devais vous définir la sculpture textile avec mes mots d’amatrice, je dirais alors qu’il s’agit d’un style d’art contemporain qui utilise le textile comme base pour la création d’œuvres décoratives ou pratiques. Vous vous demandez pourquoi je vous en parle ? Je pense que la sculpture textile gagne à être connue au même titre que les autres styles d’art plus classiques. De nombreux artistes s’illustrent dans ce domaine ; découvrons-en quelques-uns ensemble !
Hyancinthe Ouattara
Hyancinthe Ouattara est un artiste plasticien né en 1981 au Burkina Faso. Vivant et travaillant actuellement en France, ses créations ont pour principal thème le corps humain qu’il représente à ses débuts de manière onirique, fantomatique et enfantine.
Cet artiste se concentre sur le textile avec lequel il peut représenter l’humain sous son aspect organique. Cette matière lui permet notamment de s’interroger sur l’ambivalence entre apparence et disparition, identité, représentation et intimité. Avec le textile, il crée des sculptures toutes en torsades et en nœuds mettant l’accent sur l’organique et la notion de liens.
Hyacinthe Ouattara utilise beaucoup de couleurs et de textiles provenant de fils et de tissus de récupération pour la création de ses œuvres. Il les a façonnés de manière à ce que chaque élément apporte une surprise et que chaque nœud engendre une relation spatiale riche. Son œuvre de sculpture textile la plus récente est exposée à Paris depuis janvier 2020. Cette installation appelée Organic Mood est un univers où la suspension foisonne.
Simone Pheulpin
S’il y a bien un créateur qui a contribué à donner ses lettres de noblesse à l’art textile, c’est l’artiste Simone Pheulpin qui depuis 40 ans réinvente ses différentes techniques : toile du cinéma, dentelle, broderie… Ses sculptures techniques exceptionnelles sont faites de kilomètres de coton brut et de kilos d’épingles et représentent des structures à l’apparence naturelle, minérale ou végétale. Cette artiste excelle surtout dans l’art de rendre la matière méconnaissable.
Simone Pheulpin est aussi connue pour avoir inventé son propre matériau et son procédé artistique consistant à empiler, enrouler et à façonner avec la bandelette. Elle utilise un tissu en coton naturel qui s’anoblit avec le temps sous la forme de calicot non blanchi qu’elle découpe en bandelettes pour créer ses sculptures.
Le résultat donne des sculptures ayant l’aspect de formations rocheuses et organiques ou de fossiles. Cette impression est surtout due au fait que l’artiste s’inspire de la géologie pour façonner ses œuvres. Elle enroule et plie le tissu à intervalles pour créer un aspect foraminé, stratifié, strié et tout en failles. Le tout est maintenu en place à l’aide de milliers d’épingles sans tête invisibles qui rigidifient le tissu. La radio d’une de ses sculptures a permis de dévoiler une ossature curieuse laissant apparaître ces épingles.
Simone Pheulpin ne travaille pas sur la base d’un dessin préparatoire mais à partir d’une idée qu’elle reproduit de tête sur le tissu et qu’elle improvise au fur et à mesure. C’est en improvisant d’ailleurs qu’elle a réussi à créer une de ses techniques appelée moutonnement. L’artiste a reçu le Grand Prix de la création de la ville de Paris en 2017 et le prix d’honneur du Loewe Foundation Craft Prize en 2018.
Ses sculptures textiles comptent parmi les collections contemporaines publiques du Musée Victoria et Albert de Londres et du Chicago Art Institute. Le Musée des Arts Décoratifs à Paris compte aussi deux œuvres de Simone Pheulpin (Croissance et Eclosion) pour ses collections nationales du Pavillon Marsan depuis l’année 2019.
Sheila Hicks
Sheila Hicks est une artiste américaine née au Nebraska qui vit et travaille à Paris depuis l’année 1964. Elle fait partie des pionnières en matière d’art textile et a d’ailleurs tenu un rôle majeur dans l’art du tissage du début des années 1960.
Cette artiste est à l’origine de nombreuses innovations concernant les matériaux, les techniques, les formes et la taille des œuvres réalisées en leur conférant une saisissante puissance visuelle. Elle est également réputée pour avoir réalisé des travaux monumentaux adaptés pour l’architecture. D’ailleurs, en faisant communiquer la sculpture et son environnement, Sheila Hicks crée ce qu’elle nomme sculpture environnementale.
Si Sheila Hicks se destinait à ses débuts à la peinture, un voyage en Amérique du Sud lui fait découvrir les textiles du Pérou précolombien. Elle se redirige alors vers l’art textile, ses œuvres se situant entre la tapisserie et la sculpture mais toujours très influencées par les techniques traditionnelles et indigènes de tissages utilisées en Inde, au Maroc et au Mexique.
Les matériaux de prédilection de l’artiste sont la soie, la laine et le coton qu’elle mixe avec des coquilles, de l’ardoise, des élastiques, des chaussettes… Ses œuvres sont exposées en Europe et aux USA.
Anne Bothuon
La sculpture textile prend une forme plus atypique avec la sculptrice Anne Bothuon. En effet, cette artiste utilise la ouate et le tissu pour réaliser des statues à taille humaine. La carnation de la peau, elle, est reproduite avec de la gaze de tarlatane qu’elle teint et brode.
Son sujet de prédilection est le corps humain qu’elle modélise avec ces matières. L’artiste exprime à travers ses œuvres son intention de montrer le corps tel qu’il est, avec des défauts, non pas à la manière des médias. Elle affirme le rattachement de ses créations à celles de Luise Bourgeois et d’Annette Messager pour l’usage du textile et celles de Werner Strub pour l’utilisation graphique du fil.
Anne Bothuon est aussi la créatrice de costumes et de marionnettes pour le théâtre de la Licorne et travaille également en tant que scénographe. Cette artiste accomplie expose en France et à l’étranger et a remporté le prix de la revue Miroir de l’Art en 2013 ainsi que le challenge Egregore à Armande en 2015.
