Lorsque j’étais adolescente, mes amies et moi surnommions le quartier des Halles « la Cour des Miracles ». Cette appellation erronée (tant d’un point de vue historique que géographique), nous était venue car nous estimions que l’esprit des lieux n’était pas très éloigné de celui décrit par Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. Non seulement nous avions une imagination très fertile, mais en plus certains noms de rues évocateurs contribuaient à alimenter notre fantasme (notamment les rues de la Petite et de la Grande truanderie).
Des années plus tard, j’ai appris qu’il existait en réalité plusieurs cours des miracles dans Paris… et dans toutes les villes de France. J’ai récemment retrouvé l’emplacement de l’une d’elle, grâce à une borne Histoire de Paris.
Au pied de la muraille de Charles V, se trouvait le principal repaire de mendiants et de voleurs, la plus grande des cours des miracles parisiennes. Elle occupait l’espace circonscrit entre les rues de Damiette et des Forges.
Henri Sauval l’a décrite dans son Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris : » Pour y entrer, il faut descendre une assez longue pente de terre, tortue, raboteuse, inégale. J’y ai vu une maison de boue à demi enterrée, toute chancelante de vieillesse et de pourriture, qui n’a pas quatre toise en carré (60 mètres carrés) et où logent néanmoins plus de cinquante ménages, chargés d’une infinité d’enfants légitimes, naturels et dérobés ».
Cette population de filous et de prostituées possède un roi « qui prend d’ordinaire le nom de Coesre, quelques fois le roi de Thunes », flanqué d’une caricature de cour, officiers surnommés Archisuppôts de l’Argot, Cagoux, Coquillarts, Courteaux de Boutanche, Calots, Capons, Francsmitoux, Malingreux, Marcandiers, etc.
Détruite en 1667, sur ordre du lieutenant de Police, cette cour des miracles se reconstitua, car elle figure sur les plans du premier tiers du 18ème siècle.
Les cours des miracles logeaient des voleurs, des mendiants, des aveugles, des infirmes et autres estropiés, qui se rendaient dans les beaux quartiers de Paris dans la journée, pour demander l’aumône aux bourgeois. Leur handicap disparaissait miraculeusement le soir, lorsqu’ils rentraient dans leur quartier.
Quand je pense que désormais, ces rues sont très branchées ! Les temps changent…
Très intéressant ton article,merci !
Avec plaisir. J’ai beaucoup appris en le rédigeant !
J’aime beaucoup le décalage entre ce que furent ces rues et ce qu’elles ont devenus maintenant!
Ce qui est triste, c’est que d’une certaine manière, ces cours des miracles demeurent en périphérie.
En effet, sacrément changement!
En même temps, j’arrive à imaginer ce à quoi ces rues ont pu ressembler…
Quelle histoire celle de la cour de miracles Sheily!
Une histoire miraculeuse 😉 !
Très instructif même! Plus on apprend plus il y a à apprendre. Et ton petit invader c’est la cerise sur le gâteau.
Je savais que la mosaïque d’Invader ferait sourire.
Passionnant ! Suis-je la seule à avoir pensé tout de suite à Angélique quand elle se réfugie à la Cour des Miracles après l’arrestation de Geoffroy ?
La seule, je ne sais pas, mais je n’y avais pas pensé.
Je viens de découvrir ton blog et j’ai hâte de lire toutes tes anecdotes sur Paris comme celle-ci ! Cette ville me passionne, je n’y suis pas originaire mais j’y ai habité quelques années, j’y remonte dès que possible et j’adore en savoir encore un peu plus à chaque fois à son sujet ! Vite vite j’attrape mon petit carnet pour me noter les petits coins plein d’histoire comme celui-ci 😉
Bon vendredi,
Fanny
Merci beaucoup Fanny. J’espère arriver à te surprendre ! Bonne journée et à bientôt !